HARMOREXIE

Traumatismes (viols,abus sexuels, violence...)et troubles du comportement alimentaire

 

 

 

 

 

Survivants de l'inceste.
 
 
 

Les survivants de l'inceste ne sont jamais heureux. Les symptomes pouvant se declarer chez les survivants de l'inceste : Depressions chroniques, ANOREXIE, BOULIMIE, AUTO-MUTILATION, fugues, dependances aux drogues, image corporelle déformée, frigidité, dependance affective, manque de confiance en soi, desordre menager, besoin compulsif de seduire, incapacité a dire non, à faire confiance, à vivre en couple, problemes d'integration sociale, difficultés à supporter une hierarchie, phobie des autres, tentatives de suicide ...
 
 
 
 
 
 
 

Traumatismes 

 

 

Des études fleurissent sur la commorbidité entre traumatismes et troubles alimentaires, notamment sur l’influence d’abus sexuels. Les rares études susceptibles d’être dignes d’intérêt, ne montrent pas un rapport indiscutable de cause à effet. Mais tout choc ou traumatisme est bien sur à prendre en compte, en raison de sa charge émotionnelle mais aussi de son rapport avec la mise en place du trouble alimentaire.

 

 

Des études fleurissent sur la commorbidité entre traumatismes et troubles alimentaires, notamment sur l’influence d’abus sexuels. Les rares études susceptibles d’être dignes d’intérêt, ne montrent pas un rapport indiscutable de cause à effet. 

 

 

 

Quelques éléments  :

 

 

è Deux tiers environ des traumatismes sont des abus sexuels (dont la moitié environ de nature incestueuse). On entend par autre traumatisme : abus physique (coups répétés ou torture), négligence psychologique complète, l’abandon pendant l’enfance ou la perte d’un parent proche.

 

 

è Selon les études, 20 % des jeunes femmes souffrant d’un trouble alimentaire témoignent d’un abus sexuel, 8% d’un autre traumatisme. Mais ce pourcentage est également présent dans le cadre d’autres troubles psychologique. On ne peut qu’en déduire qu’un abus sexuel ou autre traumatisme est fortement psychogène, ce qui semble évident. Comparé à la population générale, le taux d’abus est plus important.

 

 

è Le taux d’abus sexuel semble être variable dans chaque catégorie de troubles alimentaires : anorexie (12%) , anorexie-boulimie (25%) , boulimiques (37%) . On peut donc en déduire une relation entre présence d’un traumatisme et un type de pathologie alimentaire.

 


  
 

Rappelez-vous enfant

Rappelez-vous à quoi vous ressembliez quand vous étiez enfant. Rappelez-vous la façon dont vous parliez, comment vous vous sentiez. Ainsi vous vous souviendrez probablement de quelques-unes des expériences dans lesquelles un ami, tout aussi enfant que vous, a pu vous entraîner. Vous pourrez peut-être réentendre votre cœur dire non. Certains se rappelleront même le malaise qu’ils ont ressenti à l’idée de suivre cet ami. Pourtant, il nous est tous  arrivé de le faire malgré tout. 

Rappelez-vous votre adolescence. Là encore, sous l’influence des autres, vous vous êtes sûrement déjà retrouvé dan des situations que vous n’aviez pas consciemment désitées. Peut-être avez-vous posé des gestes que vous n’auriez jamais posés seul€, ou prononcé des paroles que vous avez rapidement regrettées. Vous pouvez, j’en suis certain, vous souvenir d’avoir suivi vos amis, malgré vos hésitations. Ne serait-ce qu’une seule fois, vous avez probablement été influencé€ par vos pairs, c’est tout à fait normal. Vous étiez jeune, vous n’aviez pas toute l’expérience que vous possédez aujourd’hui. Comme tous les enfants, jeunes et moins jeunes, vous aviez grand besoin des personnes qui vous entouraient. 

Maintenant, grâce à l’expérience que vous avez acquise, vous saisissez mieux le sens des événements, vous voyez plus clair que lorsque vous étiez enfant. C’est également tout à fait normal.

Vous êtes plus éveillé€ qu’un enfant ; c’est pourquoi vous pouvez d’avantage vous faire confiance, faire confiance à cette petite voix qui parle en vous, faire confiance à ce que vous ressentez et à ce que vous voyez avant tout. Cela vous met d’avantage à l’abri de ce que les autres voudraient vous faire voir, vous faire ressentir ou vous entendre dire. 

Ainsi, vous êtes en mesure de comprendre que, si un enfant a pu jadis vous persuader de poser des gestes que vous ne referiez probablement pas aujourd’hui, il est d’autant plus aisé pour une grande personne d’entraîner un enfant dans des aventures que seul un adulte peut désirer. 

Miroirs magiques / D. Lamber / JCL editions


 

 

 

 

 


Stress post-traumatique

 

 

 

Le stress post traumatique désigne une entité précise qui peut être présente et agissante dans un trouble alimentaire. Voici un présentation du TSPT (trouble du stress post –traumatique)

 

 

 

 

è Critères diagnostiques DSM IV

 

 

 

Le TSPT découle selon le DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994) de l'exposition à un événement traumatique qui provoque chez l'individu de la peur, de la détresse ou de l'horreur.  Ce trouble se manifeste par une réexpérience persistante de l'événement traumatique, des comportements d'évitement des stimuli associés au traumatisme, un émoussement de la réactivité générale et un état d'hyperactivité neurovégétative. 

 

 

 

A) La personne a été exposée à un événement traumatique au cours duquel les deux critères suivants étaient présents: 

 

 

1. la personne a été exposée, témoin ou confrontée à un ou des événements qui ont impliqués la mort ou menace de mort, ou de blessures graves ou une menace à son intégrité physique ou à celle d'autrui. 

 

 

2. la réaction de la personne impliquait une peur intense, de la détresse ou de l'horreur. 

 

 

 

B) L'événement traumatique est revécu de façon persistante, d'une ou plusieurs des façons suivantes: 

 

 

1. souvenirs répétitifs et envahissants de l'événement incluant des images, pensées, perceptions; 

 

 

2. rêves répétitifs et pénibles de l'événement; 

 

 

3. impression ou agissement soudain comme si l'événement traumatique se reproduisait; 

 

 

4. intense détresse psychologique lors de l'exposition à des stimuli internes ou externes ressemblant à un aspect du traumatisme ou symbolisant celui-ci; 

 

 

5. réactivité physiologique lors de l'exposition à des stimuli internes ou externes ressemblant à un aspect du traumatisme ou le symbolisant. 

 

 

 

 

C) Évitement persistant des stimuli associés au traumatisme et émoussement de la réactivité générale (non présent avant le trauma) qui s'expriment par trois ou plus des symptômes suivants: 

 

 

1. efforts pour éviter les pensées, sentiments ou conversations associés au traumatisme; 

 

 

2. efforts pour éviter les activités, endroits ou gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme; 

 

 

3. incapacité de se rappeler d'un aspect important du traumatisme; 

 

 

4. réduction nette de l'intérêt ou de la participation pour des activités de valeur significative; 

 

 

5. sentiment de détachement ou de devenir étranger par rapport aux autres; 

 

 

6. restriction des affects (ex.: Incapacité de ressentir des sentiments amoureux); 

 

 

7. sentiment que l'avenir est 'bouché', que sa vie ne pourra plus se dérouler normalement. 

 

 

 

 

 

D) La personne présente deux ou plusieurs symptômes persistants traduisant une hyperactivité neurovégétative (ne préexistant pas au traumatisme): 

 

 

1. difficultés à s'endormir ou sommeil interrompu; 

 

 

2. irritabilité ou accès de colère; 

 

 

3. difficultés de concentration; 

 

 

4. hypervigilance; 

 

 

5. réaction de sursaut exagérée. 

 

 

 

 

E) Les symptômes B, C et D sont présents durant au moins 1 mois. 

 

 

F) Le problème entraîne une détresse cliniquement significative ou un dysfonctionnement au niveau social, professionnel ou dans un autre domaine de fonctionnement important. 
 

 

 

 

 

è Facteurs d'élaboration 
 

 

 

Vulnérabilité biologique 

Certains individus ont une hypersensibilité naturelle aux stresseurs (entre autres, hypersécrétion de noradrénaline). 

 

Conditionnement interne et externe 

Chez certains individus se mettent alors en place des automatismes : 

- Externes : réponse anxieuse à des stimuli externes rappelant le traumatisme 

- Internes : réponse anxieuse à des manifestations physiologiques d'émotion, d'anxiété (trouble panique...) 

 

 

Sensibilisation - Hypervigilance

Après un traumatisme, la personne souffrant de stress post traumatique va mettre en place un système d'hypervigilance, orientée vers un danger éventuel et enchaîner ainsi les "fausses alarmes" (crises de panique, angoisse...) 

 

 

 

Schémas de danger inconscients 

 

 

Se met donc en place un seuil élevé d'intolérance à des dangers potentiels, réctivé par des faits de la vie courante, mais aussi des flash back répétés. Installé, le TSPT se chronicise. 

 

 

 

Attribution des causes 

 

 

- Interne : dans de nombreux cas, les victimes s'attribuent la responsabilité des causes de l'événement. Culpabilité, baisse de l'estime de soi. 

 

- Externe : dans d'autres cas, les causes sont attribuées au monde extérieur. Baisse de la sécurisation. 

 

 

 

 

Force du traumatisme 

 

 

C'est en général plus la force de la menace perçue que celle de la menace réelle qui décide qui décide de l'installation du TSPT. 

 

 

 

Valeurs et désillusion

 

 

Les personnes pensant le monde juste, stable et sécurisé développeront de manière plus fréquente un TSPT. Le traumatisme représente une rupture totale avec le monde dans lequel ils pensaient évoluer. 
 

 

 

 

 

è Dissociation 

 

 

 

Les phénomènes de dissociation, s'ils sont présents dans un TSPT sont prépondérants dans sa génèse et donc sa prise en charge. Par dissociation, on entend les processus auxquels la personne fait appel pour se dissocier du traumatisme, mais qui, s'ils sont naturels n'en remplissent pas pour autant l'effet escompté (soulager la personne). La nature inconsciente de ces dissociations en font un sujet de choix de l'hypnose ericksonienne. 

 

 

 

1) Amnésie :

 

Des troubles de la mémoire sont souvent à constater chez des personnes souffrant de TSPT, amnésies partielles ou totales. L'amnésie a été à un moment donné la seule solution de survie, pour se défendre des souvenirs resurgents du vécu traumatique. 

 

Il est également à noter dans le cadre de l'amnésie que bien souvent elle n'est pas sélective : c'est tout une période, de manière globale qui est oubliée, souvenirs positifs y compris. 

 

 

 

2) Mémoire, concentration : 

 

 

Des troubles de la concentration, de la mémoire sont également à relever dans le cadre du TSPT. 

 

 

 

3) Détachement, déconnexion de la réalité et autres : 

 

 

Est également à observer un retrait psychologique par rapport au monde extérieur et aux affects désagréables qu'il peut représenter. Si là encore, il s'agit d'une solution inconsciente de survie, il peut en résulter un malentendu relationnel du à l'impression de désintérêt ou de froideur qui peut être donnée et ainsi un non-tissage de liens relationnels, une absence de communication... 

 

Si ces phénomènes de dissociation ont tout d'abord leur utilité, le danger résulte dans leur chronicisation, leur automatisation. Cette tendance à se déconnecter peut d'ailleurs s'étendre à d'autres événements générateurs d'anxiété. C'est d'ailleurs ainsi que l'on trouve des schémas qui se reproduisent, ou des personnes qui par exemple subissent des viols répétés sans réaction de défense ou de communication externe. La dissociation correspond ici à une extinction des expériences émotionnelles et sensorielles liées à l'état. 
 

 

 

 

 

è Flash-backs - cauchemars et autres - Phénomènes associatifs .  

 

 

 

Les victimes de TSPT rapportent souvent des cauchemars à répétition, des souvenirs indésirables ou des images récurrentes du traumatisme. Ces flash back constituent en fait une réponse inconsciente à un stimulus directement ou indirectement lié au traumatisme. On a donc ici des phénomènes plutôt associatifs : selon un mode de conditionnement classique, le sujet se retrouve plongé dans le traumatisme premier. Phénomène participant au développement anxieux, le rapport entre le stimulus de la vie réelle et le flash back peut être difficile à identifier (ex : pot d'échappement qui pétarade et renvoie à une fusillade...). Une simple odeur, ancrage très puissant peut par exemple suffire. 

 

Ces flash back peuvent être interprétés comme une tentative inconsciente de se désensibiliser à la situation traumatique, stratégie qui, à l'image des phénomène dissociatifs, n'a que peu de chance d'aboutir. 

 

On peut également envisager qu'au moment des cauchemars, l'inconscient veuille "classer le dossier" (ce qu'il fait normalement pendant la nuit) mais n'y parvienne pas, étant donné la force traumatique du "dossier" en question. 

 


 

 

 

 


Etats dissociatifs 

 

 

 

 

è Dissociation et parties

 

 

 

Une des notions à aborder dans l’approche des troubles alimentaires concerne les états dissociatifs. Les phénomènes dissociatifs sont présents chez chacun de nous : quand un refrain nous vient inconscient, lorsque l’on rêve ou lorsque l’on est absorbé par une activité par exemple. Mais au-delà d’un certain seuil, les mécanismes de l’individu mettent en place la dissociation pour échapper à une réalité. Par exemple, un enfant s’absorbera dans un film à la télé pour échapper à une scène de ménage ou de violence de ses parents. Même si les troubles alimentaires ne sont pas classés dans les troubles dissociatifs, le phénomène de dissociation y joue un grand rôle, générant ou chronicisant le trouble. 

 

 

 

 

 

Voici un panorama des phénomènes dissociatifs (M. Phillips /

 

Psychothérapie des états dissociatifs / Satas)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces parties traitant du traumatisme apportent nécessairement des informations sur la genèse et la remise en cause d’un trouble alimentaire. Leur intérêt est également de mettre en évidence une conséquence du vécu traumatique qui semble importante dans l’approche du trouble : les phénomènes dissociatifs.

 

 

 

 

Comment se mettent en place des phénomènes dissociatifs inadaptés au bien-être ?

 

 

 

Ce processus est issu d’une desynchronie : le système cognitif qui permet de traiter l’information (de réfléchir, rationaliser, conceptualiser ce que nous vivons…) met quelques années à structurer (on parle par exemple de l’ »age de raison », à 7 ans parait-il). Par contre le système des émotions fonctionne dès la naissance. Ainsi, un jeune enfant ne va pas avoir tous les moyens d’un adulte pour s’adapter à la réalité qu’il est en train de vivre. Face à un traumatisme, il va se paralyser (« comme un petit animal »). Le rythme alimentaire va être un des seuls éléments sur lequel le jeune enfant va pouvoir influer. On retrouve ces deux éléments dans le trouble alimentaire, moment ou le temps s’arrête et ou le rythme alimentaire s’intensifie. Un conditionnement s’est mis en place : certaines situations, stimuli divers vont provoquer état dissociatif et crise boulimique, entre autres. 
 

 

 

 

La dissociation constitue donc une stratégie mentale d’évitement : « la réalité est difficile, je me coupe de la réalité ». Une partie de la personne se déconnecte, phénomène qui peut par exemple se mettre en place pendant une période de stress chronique ou une situation traumatique. On retrouve fréquemment ce modèle des parties dans les troubles alimentaires avec des propos de type : « C’est comme si une partie de moi… ». Nous possédons tous des parties qui forment en inter-relation ce que nous sommes. Il y a dissociation quand des parties se scindent, ne communiquent plus ou moins avec le reste de la personne et la réalité qui l’entoure. La difficulté et l’échec des thérapies des addictions ou des troubles alimentaires résident entre autres dans le fait qu’en thérapie, on dialogue avec la partie de la personne ouverte au changement, non avec celle qui s’y oppose ou du moins traîne les pieds. De même, les stratégies conscientes (dont les régimes pour les hyperphages) s’adressent à la partie qui émerge non à la partie à l’origine du problème. Et si un changement alimentaire sous forme de contrôle cognitif, de restriction se met en place, c‘est au mépris de cette partie immergée et donc au détriment de l’équilibre de la personne. Cela ne peut donc être que difficilement stable et durable. 

 

 

 

 

 

 

 

 

è Intention positive, parties et recadrage

 

 

 

 

Une étape importante dans la résolution d’un trouble du type boulimie est la mutation cognitive qui concerne le symptôme. Tout comportement a une fonction en lui-même et est orienté vers une intention positive. On met en place un comportement ou une compulsion à un moment où, pour s’adapter à la réalité de ce que l’on vit, on n’a pas de meilleure solution à disposition. La boulimie par exemple fait généralement horreur à la personne qui en souffre. Elle est donc souvent assez loin de considérer un fondement positif au phénomène. 

 

 

 

On peut considérer l'être humain comme une boule aux multiples facettes. Ces facettes, parties existent et évoluent en inter-relation pour construire et développer une personnalité. Comme expliqué plus haut, le trouble alimentaire s'accompagne de phénomènes dissociatifs. La partie "boulimique" est dissociée des autres parties de la personnalité. C'est pour cela qu'on entend souvent, dans le cadre des comportements alimentaires, des réflexions du type : "C'est comme si une partie de moi...", "je deviens quelqu'un d'autre"... La partie est dissociée, donc incontrôlable et inaccessible. Reconnaître une intention positive à la partie qui met en place la boulimie, c’est l’accepter, l’intégrer c’est-à-dire la réassocier. Si il n’y a plus mise à l’écart, dissociation, un dialogue devient possible. On peut alors réintroduire ou construire un dialogue interne entre les différentes parties et la construction de nouvelles solutions. 

 

 

 

Dans de nombreux cas, la dissociation pérennise, entretient le trouble et crée la difficulté thérapeutique : on ne communique pas ou peu avec la partie concernée, possédant les solutions. Rétablir le contact avec la « partie boulimique » suffit souvent à résoudre le trouble. « Reconstruite », en contact avec sa totale intégrité, la personne trouve en elle les moyens et ressources de remettre en cause le trouble, de générer de nouvelles solutions respectant l’intention positive de départ mais adaptées au bien-être (ce que l'on nomme recadrage). L’hypnose ericksonienne est un outil privilégié de cette reconstruction et de ce changement. Le conscient en recul, on a accès à ces parties inconscientes, on peut les mobiliser et les guider en leur offrant les outils de cette restructuration interne. 

 

 

 

 

 

 

 

 


Anesthésie et/ou engourdissement des émotions 

 

 

 

Tout thérapeute qui se respecte ayant travaillé sur des structures obsessionnelles sait ne pas « tomber dans le panneau » de l’obsession. La focalisation sur un sujet a pour vocation principale de neutraliser d’autres problèmes qui seraient plus déstabilisants. Il ne s’agit pas ici de dire que la personne fait « exprès », mais qu’elle a mis en place une stratégie inconsciente de défense. La crise de boulimie et d’un point de vue général, le trouble alimentaire constituent souvent un anesthésiant d’affects négatifs. Plutôt que de se laisser déborder par tristesse, anxiété, colère, ennui, angoisse de séparation … une partie de la personne préfère se focaliser sur l’alimentaire (on aborde ici les phénomènes dissociatifs évoqués dans un autre paragraphe). Le moment de la crise est d’ailleurs présenté comme un moment de calme, d’engourdissement… Les émotions négatives et plus particulièrement la peur qu’elles viennent à déborder sont fréquemment un déclencheur de la crise et du trouble alimentaire. Le top dans ce domaine est la personne souffrant de TCA qui trouve le moyen, même dans un échange psychothérapeutique, de glisser systématiquement vers un problème de kilos, neutralisant ainsi ce qui pourrait la submerger (mais en même temps, interdisant l’accès au véritable problème et à sa résolution). 

 


 

 

 


Auto-agressivité 

 

 

 

èBoulimie et comportements auto-agressifs

 

 

 

Au contact de personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, on relève fréquemment la présence simultanée de comportements auto-agressifs. Certaines études (Vanderlinden) constatent par exemple la présence dans 50% des cas de comportements auto-agressifs chez des personnes boulimiques.

 

 

 

Les anorexiques qui privent leur corps ou les boulimiques qui le purgent abusivement peuvent être considérées comme des personnes qui attaquent leur corps. Cet axe, entre autres, ouvre des perspectives thérapeutiques, d’autant plus que ces comportements sont peu observés ou  identifiés dans le cadre de la boulimie. 

  

 

  
 

èLes critères de l’auto-agression 

 

 

 

- La majeure partie des personnes qui s’auto-agressent ne ressent pas ou peu de douleur.

 

 

- Les auto-agressions sont liées à plusieurs émotions en même temps (à part la colère pour les coups et la nervosité pour le grattage).

 

 

- L’auto-agression est présentée comme incontrôlable. 
  
 

 

 

 

 

èLes différentes fonctions de l’auto-agression (1) 

 

 

 

 

 

(1) (Traumatismes et troubles du comportement alimentaire / Vanderlinden / Satas) 

 


 

 

 


Séparation et dépendance 

 

 

 

Présent à des degrés divers dans la boulimie, l’angoisse de séparation est définie arbitrairement comme survenant avant l’age de 18 ans. Mais ses caractéristiques essentielles peuvent se prolonger, évoluer et se rencontrer chez l’adulte, entre autres avec la personnalité dépendante. Dans certains cas, ces deux entités participent à la construction d'un trouble alimentaire.
 

 

 

 

èL’angoisse de séparation : outil nécessaire du développement de l’enfant 
 

 
 
 
Avant d’aborder le trouble Angoisse de séparation, il convient de décrire ce que l’on nomme Angoisse de séparation développementale : l’angoisse de séparation est un repère fondamental et nécessaire dans le développement d’un enfant. Il est le révélateur de l’attachement :
 
 
 
 
- Deux premiers mois : le bébé recherche les stimulations sensorielles, qui l’apaisent.
 
 
 
 
- Trois à six mois : peur de la solitude. Le nourrisson est apaisé par une présence, quelle qu’elle soit.
 
 
 
 
- A six, sept mois : l’attachement se personnalise, devient sélectif. Il y a les familiers qui apaisent et les étrangers qui inquiètent ou font peur.
 
 
 
 
L’angoisse de séparation développementale est donc une étape importante, dans le sens où elle permet et révèle de nouvelles compétences :
 
 
 
 
- Discrimination, capacité de comparaison
 
 
 
 
- Différenciation, personnalisation des réponses émotionnelles selon la situation et les informations perçues.
 
 
 
 
- L’attachement met en place un réseau de stabilité, de confiance qui stimulent l’envie de découverte à partir de la base maintenant connue et différenciée.
 
 
 
 
Différence avec le trouble Angoisse de séparation, traité plus loin, l’angoisse de séparation développementale va disparaître peu à peu. A 18 mois, les séparations vont être mieux tolérées : la maman ou la figure d’attachement va rester réelle, vivante, bien qu’absente, grâce à une représentation mentale qui s’élabore.
 
 
 
Ainsi peuvent s’enchaîner, développement des compétences sociales, accès à la culture, aux divers apprentissages jusqu’à la conquête de l’autonomie.
 
 
 
L’angoisse de séparation développementale est donc la première étape, naturelle et nécessaire de tout apprentissage.

 


 

 

 

èL’angoisse de séparation en tant que trouble 

 

 

 

Anxiété excessive lorsque l’enfant ou l’adolescent est séparé des personnes auxquelles il est attaché.

 
Trois séries de signes (Mouren-Simeoni et coll.) :
 
 
 
 
 
 
1) Détresse
 
 
 
 
Détresse (pleurs, colères, angoisses jusqu’au trouble panique) lors de la séparation, pour le jeune enfant mais aussi lorsque la séparation est imminente lorsque l’enfant peut anticiper, prévoir ou appréhender.
Selon l’âge, les manifestations somatiques sont diverses :
 
 
 
- chez l’enfant : nausées, maux de tête, maux d’estomac
 
 
 
- chez l’adolescent : palpitations, tremblement, sensations
d’évanouissement, gêne ou oppression respiratoire, …
L’accessibilité aux proches et surtout à la mère est le souci de chaque instant. Les enfants restent au plus proche de leur mère ou prennent régulièrement et systématiquement des informations sur sa présence.
 
 
 
Conséquemment, l’enfant paraît souvent capricieux, exclusif ou colérique mais peut également, par peur de la séparation adopter une attitude sérieuse, obéissante, toujours tournée vers le plaisir de l’entourage.
 
 
 
 
 
 
2) Rumination, préoccupations morbides
 
 
 
Les craintes de l’enfant portent essentiellement sur sa famille ou sur lui-même (maladies, accidents, agressions, rapt, terreurs nocturnes tournant autour de la séparation, de la mort…).
Ces peurs peuvent, avec l’adolescence se transformer en obsessions ou prendre la forme d’une anxiété généralisée, plus diffuse mais souvent morbide.
 
 
 
 
 
3) Nostalgie et désir de réunion familiale
 
 
 
 
Malaise lors de l’éloignement, pensée obnubilée par des images de retrouvailles, …
 
 
 
Schématiques, ces trois séries de signe sont bien sûr présentes à des
degrés divers selon l’enfant. De manière constante et diffuse, de manière sporadique mais aigüe, le trouble angoisse de séparation peut prendre de nombreux visages.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
è Angoisse de séparation selon le DSM III-R
 
 
 
 
 
 
A. Anxiété excessive concernant la séparation d’avec les personnes auxquelles l’enfant est attaché, comme en témoignent au moins trois des manifestations suivantes :
 
 
 
 
(1) Peur irréaliste et persistante d’un danger possible menaçant les personnes auxquelles l’enfant est principalement attaché, ou peur que celles-ci partent sans revenir.
 
 
 
 
(2) Peur irréaliste et persistante qu’une catastrophe imminente ne sépare l’enfant d’une des personnes auxquelles il est principalement attaché : par exemple, l’enfant va se perdre, être kidnappé, victime d’un accident…
 
 
 
 
(3) Réticence persistante ou refus d’aller à l’école afin de rester à la
maison ou auprès des personnelles auxquelles il est principalement attaché.
 
 
 
 
(4) Réticence persistante ou refus d’aller dormir sans être près d’une personne à laquelle il est principalement attaché, ou d’aller dormir en dehors de la maison.
 
 
 
 
(5) Evite systématiquement de rester seul à la maison, notamment
s’agrippe et suit comme une ombre les personnes auxquelles il est principalement attaché.
 
 
 
 
(6) Rêves angoissants répétés à thème de séparation.