HARMOREXIE

De quelle manière apporter de l'aide a une personne souffrant de TCA?

 

 

 

 

 

 

 

 

Y a-t-il eu des progrès dans la compréhension des mécanismes ?

 

Oui, beaucoup.

 

 

  • On sait de façon certaine que l’association régime hypocalorique (pour maigrir) et état dépressif ou anxieux favorise l’apparition d’un TCA, quel qu’il soit.

 

  • Il est prouvé que la restriction énergétique (calorique) et le saut quotidien de repas favorisent l’apparition d’un TCA, quel qu’il soit. Il en est de même des régimes trop « sévères » (trop restrictifs).

 

  • Il est démontré que la lecture assidue des médias « minceurs » (journaux de mode) prédispose aux TCA.

 

  • Il est probable qu’un père très soucieux de la ligne et de la silhouette des femmes et de sa fille est un facteur favorisant.

 

  • Il est certain qu’un manque d’estime de soi, un manque de confiance en soi, un besoin de perfection excessif favorisent l’émergence de l’anorexie mentale et de la boulimie. C’est moins sûr pour les compulsions alimentaires.

 

  • Il n’est pas prouvé qu’une mère fusionnelle ou un père absent (car toujours au travail) soient des facteurs de risque.

 

  • Les TCA impliquent au niveau du cerveau des zones mieux connues. L’une d’entre elles est l’hypothalamus. Une autre, juste à côté est l’area accumbens, un centre qui pilote la répétition (et l’addiction). Des « hormones » cérébrales (neuromédiateurs) sont incriminés : sérotonine, dopamine, amphétamine, endorphine, endocannabonoïde.

 

 

 

On peut élaborer la « cascade » d’éléments suivants pour expliquer bon nombre de cas de TCA

 

 

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Parmi quelques caractéristiques psychologiques, en voici dix qui touchent nombre de malades :

 

 

 

1. Manque de confiance,

 


2. Manque d’estime de soi,

 


3. Besoin de perfection (perfectionnisme),

 


4. Besoin de contrôle et de maîtrise,

 


5. Peur du désir et/ou du plaisir,

 


6. Difficulté à l’expression de ses émotions,

 


7. Difficulté avec sa féminité (sexualité),

 


8. Méfiance à l’égard d’autrui,

 


9. Besoin d’un lien affectif fort,

 


10. Sentiment d’impuissance.

 

 

 

 

5. Comment l’aider ?

 

 

 

Vous, ses parents, vous pouvez être des co-thérapeutes. Il est en effet prouvé que l’intervention active des parents ou des proches en général (conjoint, grands-parents) aident les malades à prendre conscience de leur trouble et à le combattre efficacement.

 

 

 

 

Mais attention, vous ne devez pas être thérapeutes. Vous n’en avez ni les capacités, ni la position : vous êtes trop  près de la malade. Ce n’est pas une raison pour ne rien faire : vous pouvez aider, relayer les propos des thérapeutes, assurer un certain « coaching ». Vous pouvez chercher à comprendre, ouvrir le dialogue, aider à trouver des pistes. Il vous faudra vous armer de patience : ne pas désespérer, mais pas non plus espérer trop tôt. Le chemin est long et difficile.

 

 

fle64.gif Le moment des repas : rompez

 

C’est le moment de toutes les angoisses, de toutes les disputes. C’est pour la malade LE moment le plus difficile ! Que va-t-elle pouvoir manger ? Comment va-t-elle pouvoir le faire sous votre regard, votre désapprobation ? Comment va-t-elle faire pour vomir ? Ce n’est donc pas le bon moment pour engager le combat, la discussion, voire le conflit. Lors des repas, rompez, parlez d’autre chose, détendez l’atmosphère ! A table, parlez avec elle. Tâchez d’être détendus. Loin du repas, vous en parlerez : applaudirez les avancées, noterez les reculs.

 

fle64.gif L’angoisse qui monte : entourez

 

Votre fille, votre fils, votre conjoint est en fait un écorché vif. Un angoissé(e) chronique. Il faut la rassurer, lui montrer ses petites victoires, saluer ses avancées, l’encourager sans cesse, la « coacher ».

 

Dans ce terme, entendez des injonctions amicales et pressantes pour avancer : rassurer, tout en montrant où on va, ce qu’il faut entreprendre, les combats qu’il faut engager et gagner. Les parents peuvent être des co-thérapeutes : c’est à dire ni des thérapeutes, ni de spectateurs impuissants.

 

Co-thérapeutes, certes ! Pour autant, vous ne pouvez pas vous substituer à elle : vous ne pouvez pas vous soigner à sa place. Il faut la rendre « responsable de sa destinée », de ses soins, de son traitement. C’est à elle de prendre ses rendez-vous, de proposer des solutions, de vous adjoindre à son traitement.

 

Ne tombez pas non plus dans le piège tendu par la maladie : la malade est convaincue qu’elle n’existe qu’au travers de sa maladie, c’est à dire le jeûne ou l’hyperactivité physique qu’elle s’impose, la crise à laquelle elle succombe. Sans la maladie, à l’entendre, elle n’est rien. Montrez lui donc qu’elle est autre chose et ne la réduisez pas à la maladie.

 

Il faut parfois ignorer sa demande, quand elle est celle de la maladie, ne pas accepter que votre fille prenne possession de la cuisine, vous fasse manger (ou à ses sœurs) des plats qu’elle cuisine et ne mange pas !

 

 

fle64.gif Irritabilité et refus : faites le dos rond, mais tenez bon

 

 

 

 

Il y a différentes phases à ces troubles du comportement alimentaire :

 



La phase de déni : la malade vous dit qu’elle n’est pas malade. Il faut la convaincre de se soigner, lui affirmer qu’elle a le pouvoir de guérir. Il faut se faire aider, par une amie, une grand-mère, une copine… Elle se dit libre, autonome, revendique le droit à poursuivre son « régime ». Il faut lui faire prendre conscience que sa maladie l’éloigne de l’autonomie, qu’elle la rend vulnérable, fragile, dépendante, qu’elle la colle à ses parents, qu’elle la rend incompréhensible voire un peu effrayante. Lui dire que cette maladie va lui pourrir la vie, l’éloigner de ses copines, lui interdire toute vie sociale, toute vie amoureuse, toute vie en couple. Elle ne sera rien, elle qui croyait déjà être peu de choses : elle ne sera que ANOREXIE. Donc étrangère, étrange. Il faut lui laisser négligemment les coordonnées du site web de l’Association AUTREMENT, pour qu’elle comprenne ce qui se passe en elle. Parfois, il ne faut pas hésiter à l’obliger à aller consulter.

 

 

La phase de prise de conscience : il faut ici l’aider à prendre confiance, à croire en soi, à se dire qu’elle peut guérir, qu’elle peut être aidée, qu’il y a des thérapeutes pour ça. Il faut lui répéter que cette une maladie, qu’on en guérit.

 

 

La phase de lutte : c’est difficile pour elle (lui). Il faut la (le) rassurer, ne pas craindre non plus l’échec, ne pas se montrer trop angoissé(e). Oui, elle peut échouer, oui, elle peut ne pas guérir. Mais l’important est d’y croire et de se battre. C’est comme un match (en sport) : oui, on peut le perdre, malgré ses efforts. Et n’oubliez pas qu’il y a des thérapeutes et que c’est à eux de prendre les bonnes décisions au bon moment. Si votre fille rechute, ils trouveront un moyen d’avancer, ils lui proposeront l’hospitalisation. S’inquiéter trop n’est jamais bon et c’est souvent contre-productif.

 

 

fle64.gif Besoin d’indépendance !? En pleine ambivalence

 

 

Votre fille, votre fils réclament de l’indépendance, le droit de manger comme ils veulent.
Mais c’est la maladie qui parle. Apprenez à la reconnaître et discutez ensuite avec votre fille (fils) de ce qui lui appartient et de ce qui est à la maladie.
 

Le TCA est né d’un paradoxe, de deux « besoins » contraires : celui de s’émanciper et celui de rester « proche » (de ses parents, de sa mère en particulier). C’est l’amour qui veut ça.
Donnez donc à votre fille (fils) l’amour qui lui est dû, mais séparer bien cet amour de la maladie.

 5.1. Quelle attitude doit-on avoir ? Le savoir être

 

 

 

 

 

 

 

Donnez donc à votre fille le respect et l’amour qui lui sont dus.
Mais ne pactisez pas avec la maladie : ce n’est pas à vous de lui donner de l’argent quand c’est pour faire ses crises. Ce n’est pas à vous de téléphoner à la grand-mère pour dire que votre fille (fils) ne viendra pas manger.
En cas de boulimie et de compulsions, si votre fille veut de l’argent, c’est pour ses crises. Ne lui donnez pas mais profitez d’une occasion pour lui payer ou lui offrir autre chose : un cadeau, la facture EDF…

 

Ne criez pas, ne la bousculez pas, ne lui dites pas « ses quatre vérités » : elle ne les sait que trop. Ne lui dites pas « mange au moins pour ta mère, ton père » : c’est inefficace et contre-productif.

Ne lui dites pas, au moindre kilo pris « c’est chouette, tu as grossis » (ça la terrifie assez !).