HARMOREXIE

Sissi imperatrice d'Autriche,saintes Catherine de Sienne,Simone Weil,anorexiques. Approche historique de la maladie

Evolution des formes de beauté.

 

 

venus of willendorf.jpg

La toute première représentation de femme date de la préhistoire. Toutes sont des Vénus grossières, figurines obèses sans traits au visage. Elles représentent la fertilité.

 

 

Nefertiti1.jpg

La beauté dans l’antiquité est diamétralement opposée. Du corps hypertrophié, on passe à la silhouette élancée et musclée, presque masculine. Parmi les plus célèbres exemples, on retrouve Néfertiti ou Néfertari pour les Egyptiens (photo).

 

 

venusG.jpg

Les Grecs, quand à eux, sont plus attachés à un idéal de beauté (VIIe-VIe siècles avant J.C.) : celui d’une jeune personne, entre adulte et adolescent, sans sexe défini. Le corps doit être la priorité, les Grecs consacrent donc une bonne partie de leur temps à se muscler et à faire du sport.
Ce n’est qu’au Ve siècle avant J.C que les sculptures grecques commencent à représenter de vrais corps de femmes.

 

 

PF_1951485~La-Sainte-Vierge-et-l-Enfant-Affiches.jpg

Le Moyen Age est le temps de la sobriété. Le maquillage, sous prétexte qu’il tient du diable, est proscrit par l’Eglise. La Vierge Marie, représentée sans aucun attrait physique et féminin, est la simple figure de la maternité. Toutefois, les pâtes rendant la peau blanche sont fortement prisées pour l’effet de jeunesse qu’elles confèrent. Par ailleurs, les riches femmes de cette époque (comme Agnès Sorel, maîtresse du roi Charles VII) avaient l’habitude de s’épiler le front pour accentuer cet air juvénile.

La femme blonde avec un ventre rond est l’archétype de la beauté.

 

botticelli.jpg

 

La Renaissance est un souffle nouveau pour les femmes. Désormais, il n’est plus question de se cacher ; les femmes se maquillent. L’idéal de beauté est représenté pas les courtisanes vénitiennes (d’où le blond vénitien, très prisé à cette époque). La femme est charnelle ; elle est immortalisée par la « Vénus » de Botticelli.

 

montespan.jpg

Du XVIIème siècle au XVIIIème siècle, la femme doit être pulpeuse et avoir la taille la plus fine possible ; pour cela, elle s’emprisonne le corps dans un corset.
L’une des plus belles femmes de cette époque est Madame de Montespan, maîtresse de Louis XIV, très connue pour sa beauté. 

 

castiglione.jpg

 

Après la Révolution française, deux types de beauté se partagent la vedette. Tout d’abord, celle de la femme vertueuse, teint blanc et rondeurs. La Castiglione, courtisane italienne et maîtresse de Napoléon III, décrite comme « lourde et massive » est considérée comme l’une des plus belles femmes de son temps (photo).

En opposition à la femme charnelle, on trouve la « belle malade ». Les femmes dorment peu pour être cernées et font tout pour entretenir un teint blême. Elles sont maigres et correspondent à l’image de la mélancolie.  

 

 

twiggy.jpg

Le XXème siècle est l’ère de la femme libérée. Néanmoins, la minceur est un signe de bonne santé, il n’est plus question d’avoir des formes. Les canons de beauté sont androgynes (apparu dans les années 30) puis deviennent l’image de la femme libérée. La beauté est de plus en plus médiatisée pas les médias.

 

 

 

Aujourd’hui, la femme doit avant tout être mince. On parle d’une véritable course à la recherche de la minceur extrême, ou d'une « dictature de la minceur ». Ce phénomène est amplifié par la mauvaise image donnée des personnes en surpoids et est véhiculé par les médias.
Les mannequins donnent l’image de la beauté parfaite. Maigres, elle reflètent bien l’image de la « belle malade ».

 

 

Venus_Willendorf.gifmannequin.jpg

   Pour conclure, on peut évoquer et regarder le très grand contraste entre la femme de la préhistoire et celle du XXIème siècle.
Depuis le début, la femme n’a pas cessé, pour être « conforme » de perdre du poids … la question est de savoir jusqu’où mène cette course vers la beauté dite parfaite.

 

 


 

Les anorexiques connues.

Sainte Catherine de Sienne.jpg

 

C’est au Moyen Age que l’on va parler des « saintes anorexiques ». Parmi elles, on peut citer une femme, qui fut ensuite canonisée et dont on est à peu près sûr aujourd’hui qu’elle a été anorexique : Sainte Catherine de Sienne.

   Née au XIVème siècle dans une famille de la bourgeoisie italienne, Catherine est la vingt-deuxième enfant d’une famille touchée déjà plusieurs fois pas la mort en bas âge.
A la suite du décès de trois de ses sœurs favorites, Catherine décide d’entrer dans l’ordre des sœurs de la Pénitence de saint Dominique. Commence alors une longue série de restrictions qu’elle s’inflige. Elle mange très peu, jamais de viande, se fait vomir, se flagelle et ne dors presque pas.
A la Pentecôte, elle reçoit les stigmates du Christ, on parle de « mariage
mystique » avec Dieu.
Au fil des années, Catherine s’alimente de moins en moins voire plus du tout : « […] si elle venait à […] avaler une moindre parcelle [de nourriture], son estomac ne lui laissait aucun repos avant qu'elle l'eût vomi. »
Elle s’éteint à l’âge de 33 ans de sous-alimentation, ayant cessé même de boire.

 

 

 

Sissi.jpg

Quelques siècle plus tard, on retrouve un autre cas historique d’anorexie, la très célèbre et méconnue : Elisabeth de Wittelsbach, Sissi, Impératrice d’Autriche-Hongrie.Elisabeth de Wittelsbach, dite Sissi est née en Bavière, en 1837. Elle est élevée à la campagne, « comme une sauvageonne », entourée de parents aimants bien que son père soit très peu présent.
Sa sœur aînée est promise à l’héritier des Habsbourg, François-Joseph d’Autriche, mais ce dernier lui préfère Sissi.
 Tout a commencé, comme il se doit, comme dans un conte de fées, avec quelques belles femmes prestigieuses dans les tout premiers rôles. Le plus important de ces modèles mimétiques était Elizabeth d'Autriche, l'épouse de l'Empereur Franz Joseph, mieux connue sous le nom de Sissi. Elle se présentait elle-même comme une "femme nouvelle." Étant malheureuse comme épouse et mère elle recherchait une identité par elle-même, loin des obligations cérémonielles. Elle essayait de la trouver dans une culture spéciale du corps qui faisait d'elle un prototype de la femme moderne et "avancée" (voir Vandereycken et van Deth).
Avec l'épouse de Napoléon III, l'Impératrice Eugénie de France, une autre beauté célèbre, Sissi mit fin à la crinoline qui emprisonnait la partie inférieure du corps de la femme. à une rencontre de leurs deux maris impériaux, ces grandes dames se sont retirées dans une pièce privée dans le but, nous a-t-on dit, de comparer leurs tailles respectives. Cet épisode suggère une sorte de compétition naissante entre elles deux, exactement ce qu'il fallait pour commencer un mécanisme de rivalité mimétique chez les nombreuses dames aristocratiques qui n'avaient rien à faire sinon regarder Sissi et Eugénie et copier leur comportement jusqu'au moindre détail. Les deux impératrices ont certainement joué un rôle dans le déclenchement de la rivalité mimétique qui s'est toujours élargi et intensifié depuis. Après la Première Guerre Mondiale, l'intensification a atteint la classe moyenne et après la Seconde Guerre Mondiale, au moins dans l'Occident opulent, s'est étendue à toutes les classes sociales.Le plan de vie de Sissi était typiquement anorexique; elle exigeait un régime hypocalorique strict et elle se consacrait à la gymnastique et à divers sports d'une manière prophétique pour notre propre époque. Nous avons toujours des princesses, bien sûr, mais en suivant le reste de notre civilisation, elles sont descendues d'un cran ou deux. Le mécanisme boulimique leur est plus caractéristique que l'anorexie héroïque de la "véritablement" donquichottesque Sissi.
La vie à la cour est complètement différente, régie par la stricte étiquette. Toutes ses journées sont planifiées et Sissi doit souffrir de l’absence de son mari et de la présence de la « terrible » archiduchesse Sophie, sa tante et belle-mère, très autoritaire. La mort de sa fille de deux ans ne va faire qu’empirer son état, que certains qualifie de dépressif.
L’impératrice s’astreint à de sévères habitudes alimentaires et pratique le sport, en particulier la gymnastique, de manière excessive. Son obsession est de ne pas dépasser 50 kg pour 1.72 mètre bien que la maigreur ne soit pas encore en vogue et qu’il soit toujours bien vu d’avoir des rondeurs.
Elle est assassinée en 1898, à l’âge de soixante ans
.

 

 

 

 

Plus récents, nous pouvons citer les cas de Laurence Chirac, fille de Jacques Chirac, et de Solenn Poivre d’Arvor, fille de Patrick Poivre d’Arvor.

 

 Laurence Chirac est née le 4 mars 1958. Elle vit une enfance heureuse et sans problèmes, décrite comme une fille « vive et intelligente ».
C’est au moment de l’adolescence que des troubles alimentaires vont se manifester.
Son père, Jacques Chirac, à cette époque premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, est peu présent.
Laurence passe brillamment son bac et commence des études de médecine. Néanmoins, sa maladie prend rapidement le dessus. Elle cesse ses études. Le manque du père se fait très fortement ressentir : « Elle voulait toujours lui parler, le voir. Elle souffrait de son absence. Il essayait d'être là, mais au fond, sa vie c'était la politique ».
Laurence Chirac fera deux tentatives de suicide. Aujourd’hui encore, à 51 ans, elle est sous surveillance quotidienne.

 

A Solenn.jpg

Fille de Patrick Poivre d’Arvor, Solenn est née le 11 décembre 1975. Elle a été atteinte à l’adolescence d’anorexie mentale. Elle est maintenant le symbole de la lutte contre cette maladie.
En 1993, elle est hospitalisée. Son père lui dédie Lettres à l’absente.
A l’âge de 19 ans, elle se suicide. Elle écrit à son père dans une lettre d’adieu : « Merci pour tout mais je n’aime pas la vie. Je veux être incinérée et gardée dans une petite boîte, mais pas jetée à la mer ».
En 2004 est inaugurée en son souvenir la Maison de Solenn, une maison pour adolescents ayant des troubles alimentaires. Cette maison a été en partie financée par l’Opération Pièces Jaunes.
En 2005, Véronique Poivre d’Arvor, mère de la jeune fille, publie A Solenn, livre qu’elle a écrit quelque temps après le suicide de cette dernière.

 

 

 Karen Carpenter (chanteuse du groupe « The Carpenters », qui mourut en 1983 suite à ses nombreux épisodes de privation alimentaire et ses crises de boulimie (binge and purge)

 

 

 Anna Carolina, jeune mannequin Brésilienne de 21 ans, est morte le 14 novembre 2006 d'anorexie (arrêt cardiaque). Elle pesait 40 Kilos pour 1 mètre 74. D'après ses proches, la jeune fille s'alimentait de pommes et de tomates depuis 5 ans. Elle aurait contractée une infection urinaire puis une infection généralisée, son corps a été trop faible pour se défendre.

 

 

 

 

 

  Premiers cas d'anorexie et interprétation.

 

 

L’anorexie mentale se trouve aujourd’hui associée, d’ordinaire, par les psychiatres à la préoccupation de se conformer aux idéaux esthétiques de minceur, motivation souvent alléguée par des anorectiques pour justifier le comportement alimentaire que l’entourage leur reproche. De ce fait, même les médecins se mettent à insister ici sur la dimension culturelle. Cependant, toute discussion sur l’anorexie mentale limite son horizon si on commence par définir le syndrome à partir de la volonté qu’affirme l’anorectique « moderne » de se modeler sur la minceur. On se borne alors à une perspective comportementaliste, où la motivation exhibée devient un critère de définition descriptive, donc superficielle.

 

 

 

Un processus de sécularisation

 

Les premiers cas d’anorexie reconnus datent du Moyen Age avec les « saintes anorexiques », du XIIème siècle au XVème siècle.
Ces jeunes femmes font partie de communautés religieuses mystiques. Le jeûne y est pratiqué afin de se « couper de la matérialité et du monde profane ». Certaines jeunes femmes le pratiquent exagérément et se font vomir ; elles sont réputées pour ne rien manger à part l’eucharistie.
Les médecins de l’époque nommèrent cela « anorexia mirabilis », ce qui signifie perte miraculeuse d’appétit. Néanmoins, il semblerait que l’ « anorexia mirabilis » et l’anorexie mentale ne soient qu’une seule et même chose.
La première description d’anorexie date du XIème siècle avec Avicenne, médecin et philosophe musulman ; vient ensuite celle du médecin Richard Morton  en 1689, qui décrit l’anorexie mentale comme « une forme de dépérissement physique d’origine nerveuse » et auquel il donnera le nom de « phtisie nerveuse ».
Cependant, c’est véritablement à partir de 1873 que ce problème commence a être regardé d’un point de vue médical, après les descriptions cliniques du français Charles Ernest Lasègue puis de l’anglais sir William Witley Gull.
L’anorexie mentale sera alors considérée comme une maladie physique, un dérèglement des hormones (hypophyse).
Il faudra attendre les années 50 pour voir en l’anorexie un problème uniquement psychologique à l’origine de problèmes physiques. On parle donc maintenant d’anorexie mentale.

 

C’est au Moyen Age que l’on va parler des « saintes anorexiques ». Parmi elles, on peut citer une femme, qui fut ensuite canonisée et dont on est à peu près sûr aujourd’hui qu’elle a été anorexique : Sainte Catherine de Sienne.

   Née au XIVème siècle dans une famille de la bourgeoisie italienne, Catherine est la vingt-deuxième enfant d’une famille touchée déjà plusieurs fois pas la mort en bas âge.
A la suite du décès de trois de ses sœurs favorites, Catherine décide d’entrer dans l’ordre des sœurs de la Pénitence de saint Dominique. Commence alors une longue série de restrictions qu’elle s’inflige. Elle mange très peu, jamais de viande, se fait vomir, se flagelle et ne dors presque pas.
A la Pentecôte, elle reçoit les stigmates du Christ, on parle de « mariage
mystique » avec Dieu.
Au fil des années, Catherine s’alimente de moins en moins voire plus du tout : « […] si elle venait à […] avaler une moindre parcelle [de nourriture], son estomac ne lui laissait aucun repos avant qu'elle l'eût vomi. »
Elle s’éteint à l’âge de 33 ans de sous-alimentation, ayant cessé même de boire.

 

 

 

De l’Antiquité chrétienne à la mystique affective féminine

 

 

Du Ve au XIIIe siècle, l’extrême aversion pour la nourriture est imputée théologiquement à l’intervention d’un être surnaturel, par une possession diabolique ou un miracle divin. Les très rares cas repérés pour le haut Moyen Age se présentent dans la paysannerie. Au contraire, la mystique affective féminine va prendre son essor avec l’économie marchande et dans les couches sociales qui promeuvent celle-ci. A partir du XIIe siècle la montée de la mystique affective féminine vient sacraliser une façon anorectique d’être au monde. La proposition ecclésiale d’investissement sur Jésus comme Dieu fait homme aimant et souffrant ouvre une voie réputée légitime pour réaliser une façon anorectique d’être au monde. Dans bien des cas, la personne finit par être placée sur le piédestal de la sainteté canonisée. Le cortège des phénomènes extraordinaires allégués par l’hagiographie comporte notamment trois transfigurations mythiques du corps (presque toujours féminin) : la stigmatisation  (reproduction des plaies de la Passion sans intervention d’une cause « naturelle »), l’inédie (vivre de nombreuses années sans ingérer d’autre aliment que l’Eucharistie) et l’incorruptibilité miraculeuse du cadavre.

 

 

 

L’anorexie mystique

 

 

La rupture de la lignée féminine dans la transmission de la vie prend une tournure religieuse.Le cas de Marie Guyart est d’autant plus éclairant qu’elle est devenue la figure majeure de l’histoire religieuse du Québec, avec tous les traits les plus spectaculaires de l’anorexie mystique, sans que ses biographes aient relevé la dimension anorectique de son personnage, malgré des restrictions alimentaires qui stupéfiaient sa famille. Dès l’âge de dix-neuf ans, Marie avait perdu son mari et se retrouvait seule avec un enfant de six mois. Comme bien des veuves qu’on retrouve engagées dans l’aventure mystique, elle avait manifesté dès sa puberté la volonté de ne pas assumer l’apanage des femmes dans la transmission de la vie. Elle s’était laissée marier uniquement par obéissance à ses parents, avec la volonté affirmée d’entrer en religion si son époux venait à mourir. Elle n’avait jamais embrassé ou câliné son bébé afin, dit-elle, qu’il supporte mieux la perte de sa mère le moment venu, car elle était décidée à l’abandonner aussitôt que possible pour entrer au couvent, ce qu’elle fit alors qu’il avait onze ans. Elle avait accepté d’être mère uniquement dans l’espoir que son fils serait prêtre – donc ne transmettrait pas la vie – et s’engagerait à son tour dans la vie mystique.

19Du vivant de Marie et encore  jusqu’à notre époque, l’abandon de son enfant a été loué par les instances ecclésiastiques comme signe de perfection spirituelle. En effet, l’abandon d’enfant se rencontre à maintes reprises chez les mystiques devenues veuves après avoir procréé. Je mentionnerai ici trois cas célèbres du XVIIe siècle : Jeanne de Chantal († 1641), Marie Guyart et Jeanne-Marie Guyon († 1717). Jeanne abandonne son fils Celse-Bénigne (qui sera le père de Mme de Sévigné) en 1610 ; Marie se sépare de son fils en 1631 ; Jeanne-Marie renoncera à ses prérogatives maternelles quelques décennies plus tard. Jeanne a été canonisée. Jeanne-Marie accède de nos jours à la reconnaissance de son authenticité mystique majeure, même chez les théologiens catholiques ; Marie a déjà passé le cap de la béatification en 1980.

 

 

De la Renaissance au XVIIIe siècle, la clinique médicale commence à réaliser des observations plus méthodiques, bien que le regard d’une science balbutiante se laisse encore éblouir par le merveilleux, avec le thème de l’anorexia mirabilis, voire de l’inedia prodigiosa. D’une façon analogue, le XVIIe  siècle voit s’amorcer la désacralisation de la sorcellerie (reversée progressivement dans le domaine réservé aux magistrats et aux médecins). Le discours religieux lui-même va être entrainé par la sécularisation du questionnement sur l’anorexie. Par exemple, si le tableau de l’expérience mystique évoque fréquemment l’inédie comme signe du surnaturel exprimé en langage du corps, la pensée ecclésiastique va subir une mutation dès le début du XVIIIe siècle. Devant les progrès des observations médicales, le cardinal Prosper Lambertini (futur pape Benoît XIV) fait appel à l’Académie des sciences de Bologne pour préparer son livre De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione, qui allait être publié de 1734 à 1738. Il obtenait en réponse un mémoire du Dr Beccari, dont il retenait la position. Ses conclusions ont été résumées par le jésuite britannique Herbert Thurston