Comment venir en aide à une amie ou à un être cher atteint par les TCA.
Les troubles alimentaires n’affectent pas seulement les personnes qui en souffrent. Ils touchent aussi grandement les parents et les proches qui les entourent. La famille et les amis d’une personne qui s’adonne à des pratiques d’autodestruction reliées au trouble alimentaire vivent souvent de l’incompréhension, de l’impuissance et de la frustration. Il peut s’avérer difficile de savoir quoi dire et comment agir au quotidien face à une personne atteinte. Afin de vous aider à travers ce processus, nous vous suggérons quelques pistes de réflexion et outils intéressants :
1. Renseignez-vous le plus possible sur les troubles alimentaires en consultant des ouvrages sur le sujet, des sites internet ou des professionnels. Ne vous laissez toutefois pas envahir par le problème de l’autre. Ce n’est pas à vous de lui « montrer la lumière ». Vous pouvez tout de même être d’un grand soutien en vous montrant à l’écoute et en essayant de comprendre ce que la personne vit, sans la juger. Les troubles de l’alimentation sont souvent un appel à l’aide et, au fond d’elle-même, la personne aimée est sensible à votre inquiétude et reconnaissante de votre ouverture.
2. Sachez bien que les troubles de l’alimentation n’ont rien à voir avec la nourriture. L’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie sont des troubles complexes dont les causes biologiques, psychologiques et sociales varient d’un individu à l’autre. Il faut donc éviter d’inciter la personne à manger, d’offrir des récompenses si elle se nourrit ou de penser que la situation s’améliore parce que la personne a pris un kilo : tout ça n’a rien à voir avec le cœur du problème. Les commentaires à l’égard de la nourriture et du poids sont non seulement inutiles, mais ils peuvent aggraver le problème en encourageant la personne dans ses obsessions.
3. Nul ne peut sortir gagnant d’une lutte de pouvoir à propos de la nourriture. En contrôlant rigoureusement son alimentation, la personne pense ainsi pouvoir gérer les émotions qui lui échappent dans d’autres sphères de sa vie. Toutes les tentatives visant à réglementer les repas ou les prises de nourriture risquent fort de renforcer son comportement.
4. Éviter les conversations qui appellent des commentaires sur l’apparence. À des questions du genre : « Trouves-tu que j’ai l’air grosse? », il convient de répondre « Je n’ai pas remarqué, je t’aime comme tu es. » ou « Je vois bien que ces questions sont importantes pour toi. Aimerais-tu qu’on en discute? » Quelle que soit votre réponse, il s’agit de ne pas justifier des commentaires qui ne font que perpétuer l’obsession face à l’image corporelle.
5. Quand vous voulez manifester vos préoccupations, vos propos devraient exprimer vos sentiments à propos de vos observations et non des jugements ou des opinions personnelles. Assurez vous de parler au « Je », n’entamez pas de discussion lors des repas et choisissez un moment où tout le monde est calme. Ainsi, vous pouvez dire « Je m’inquiète lorsque je te vois t’isoler des autres » au lieu de « Je pense que tu as un trouble alimentaire et que tu dois aller chercher de l’aide ». Il importe de ne pas renforcer le sentiment d’impuissance de la personne, mais plutôt sa capacité à faire des choix pour elle-même. Plus que tout, elle a droit à son intimité.
6. Toutefois, si vous avez des raisons de croire que sa santé est sérieusement menacée, allez chercher de l’aide. Il s’agit d’une maladie grave que vous n’avez pas à affronter seul. Il est souvent nécessaire de consulter des spécialistes car un certain nombre de personnes atteintes nient le fait qu’elles ont un problème ou refusent de chercher de l’aide. Même si l’être cher vous accuse d’avoir trahi son secret, les règles de la confidentialité n’existent plus lorsqu’il y a un danger physique pour la personne.
7. Recueillez de l’information sur les ressources disponibles dans votre région et sur les services offerts comme les groupes de soutien, les thérapies individuelles (psychologue, nutritionniste, sexologue, etc.) ou les soins médicaux. En téléphonant à l’ANEB Québec, vous pouvez avoir facilement accès à cette information et transmettre la documentation à la personne souffrant du trouble alimentaire. Sachez toutefois qu’elle seule peut décider si elle veut de l’aide, à quel moment et sous quelle forme. N’hésitez pas non plus à aller chercher de l’aide pour vous-même. Le trouble alimentaire touche tous les membres de l’entourage et c’est important que vous soyez soutenus durant cette période difficile.
8. Voir un être cher aux prises avec un trouble alimentaire peut susciter en vous colère, impuissance, culpabilité et frustration. Il importe pour vous d’évacuer ces réactions normales en vous rappelant qu’il est inutile de blâmer la personne pour ce qui arrive. À maints égards, elle est aussi déroutée que vous, en plus d’être effrayée par les émotions pénibles et le drame intérieur qu’elle vit. Son désordre alimentaire lui apporte quelque chose et pour l’instant, il est difficile de le laisser aller. Par ailleurs, la culpabilité est inutile pour toutes les raisons énumérées à l’article 2. Même si vous avez involontairement contribué à provoquer cette situation, il y a plusieurs facettes dans lesquelles vous n’avez rien à voir.
9. Ne jouez pas au thérapeute : ce serait un échec. La complexité de l’anorexie, de la boulimie ou de l’hyperphagie fait souvent en sorte que des parents ou des amis bien intentionnés renforcent les aspects négatifs et passent à côté des aspects positifs. Une personne qui « surfonctionne » ne fait qu’amener l’autre à « sous-fonctionner ». Rappelons-le, la personne souffrant d’un trouble alimentaire doit chercher de l’aide, selon ce qui lui convient. Si quelqu’un d’autre le fait à sa place et ne l’encourage pas à prendre ses responsabilités, sa motivation à changer les choses risque de diminuer sensiblement.
10. Plus important encore, interrogez-vous sur votre propre attitude face aux questions de poids et d’image corporelle. Puisque nous faisons partie de cette société qui favorise le développement des troubles alimentaires, il faut nous demander quelle est notre part dans cette obsession de la minceur, perpétuée à l’échelle de la planète. Suivez-vous un régime? Faites-vous de l’exercice pour perdre du poids ou pour votre santé? Lorsque vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, est-ce sa silhouette qui vous frappe? Si vous prenez un ou deux kilos, votre estime personnelle en est-elle affectée? Il serait bon de mettre au jour vos propres craintes face à la dictature de la minceur.
Très souvent, il est dit que l’anorexie est due à un système familial défaillant. Qu’en est il?
L’anorexie et la boulimie sont liées à des problématiques humaines. Seul l’être humain a
conscience de lui-même (programmation génétique).
L’anorexie est un cri pour montrer, mais ce n’est pas un choix ; c’est la peur du désir, d’être
débordé, de perdre le contrôle, de ne pas être à la hauteur. Un profond sentiment de solitude
est ressenti car ce que l’on voudrait n’est pas obtenu. Son territoire, que l’on doit défendre
comme tout être vivant, est subi, d’où une insécurité permanente. L’anorexie est liée à un
défaut de sécurité interne liée au vécu ( influence de l’environnement) et à la personnalité
(génétique).
L’homme est construit en réflexivité . D’où des questions permanentes : qu’est-ce que je
vaux ? comment je suis ressenti ?…Chez l’anorexique, un raisonnement paradoxal s’installe.
Je dois être différent(e) des autres car j’existe dans mon opposition. Mais je ne peux pas
satisfaire mon désir. L’autonomie est exprimée, alors qu’elle(il) s’enferme : c’est la
dépossession de soi-même. Menacé(e), je dois retrouver une certaine maîtrise, mais ce dont
j’ai besoin est une menace. Cela rend fou. Le jeune s’enferme dans un comportement qu’il n’a
pas choisi, car le trouble soulage de la peur. En se privant de liberté, il devient son propre
bourreau. Plus il a besoin de recevoir, moins il pourra le supporter.
Les parents ne doivent pas l’abandonner à ses peurs. Ils doivent poser des limites, mais il n’y
a pas d’interdits. Il ne faut pas avoir peur d’imposer à son enfant, car l’on ne peut pas
supporter que son enfant s’abîme. Il est indispensable que l’enfant ait confiance en ses
parents.
Le jeune doit réapprendre à avoir confiance en lui, d’où l’importance de la séparation avec la
famille. Sinon, il reste cramponné à un poids qu’il maîtrise et reste enfermé dans un
comportement ; la peur ne l’abandonne pas. Or, la peur est l’envers du désir ; il ne faut pas la
tuer, car on tue le désir. Aussi, le jeune doit être accompagné pas à pas, en soutenant sa
curiosité, en lui réapprenant à vivre ses désirs, à comprendre que la liberté est fatigante car il
faut s’inventer des limites, à être capable de gérer. La famille est indispensable pour les soins.
Elle ne disfonctionne pas, mais trop d’attachements se sont créés.
Il n’existe aucune fatalité à la guérison, quelque soit la durée de la maladie. L’anorexie est
une conduite adaptative, mais il ne faut pas que le jeune s’y enferme
Le T.C.A. est une révolution familiale, sa guérison est la mise en place d’un nouvel équilibre de ce système familial.
C’est un chantier colossal qui débute et chaque membre de la famille peut en être l’ouvrier. Sans cette participation active, la guérison reste heureusement possible mais l’individu, seul dans son entreprise thérapeutique, connaîtra certains écueils qui pourraient lui être évités.
Pour devenir actifs, les parents doivent être soutenus, informés, déculpabilisés. Leur énergie sera plus que jamais sollicitée et il serait dommageable pour tous que celle-ci soit investie dans un passé sur lequel personne ne peut plus agir.
Les parents doivent être déculpabilisés. Une thérapie familiale est très souvent recommandée,
sachant que la pratique du sur mesure, au cas par cas, est indispensable. Le lien entre le père
et la fille est très important, en particulier dans l’enlisement.
Les associations ont un rôle important à jouer auprès des parents car leur parole est mieux
perçue que celle des médecins.
Toute prise en charge doit être précédée d’une investigation dans la famille par une tierce
personne : recherche des antécédents familiaux afin de déterminer la dimension génétique de
la maladie : production de neurotransmetteurs perturbée, conduisant à des soins
médicamenteux.
Le travail avec les parents
Impossible de dialoguer.
Si la communication ne passe pas, ne vous accablez pas: n’oubliez pas que l’adolescence est une période crise entre parents/ enfants…Il peut être utile d’aller voir ensemble votre médecin de famille auquel vous pourrez faire part de vos craintes. Le médecin voudra peut-être voir ensuite votre enfant seul. Ne vous sentez pas rejeté; c’est une bonne chose si votre enfant peut parler à son médecin.
Aucun doute, mon enfant souffre d’anorexie. Depuis quelques temps, elle mange peu et elle a perdu beaucoup de poids.
Ne laissez pas traîner les choses: votre enfant a besoin de soins adaptés. Le mieux est de s’adresser à un spécialiste (voir ci-dessous). Il est probable que votre enfant essaie de vous rassurer en prétendant manger à l’extérieur, ou en promettant de se remettre à manger. Les personnes qui souffrent d’anorexie ont l’impression de maîtriser la situation alors qu’en réalité, elles sont complètement dépendantes de la maladie qui les amène à avoir des attitudes agressives et à mentir. Même s’il refuse de voir un médecin, insistez. N’oubliez pas qu’il met sa vie en danger. L’anorexie est une maladie qui peut entraîner des séquelles graves voire la mort (10% des malades). On sait par ailleurs que plus la maladie est traitée rapidement, plus elle a des chances d’être guérie.
La boulimie une maladie qui ne se voit pas
La boulimie n’est pas à prendre à la légère: elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle ne se voit pas. Alors que la jeune fille anorexique choque par sa maigreur, la boulimique semble souvent en pleine forme. La réalité est toute autre: derrière les apparences, elle vit un véritable enferdans lequel la nourriture est devenue sa drogue. Elle est régulièrement prise d’un besoin irrépressible de manger et avale en cachette des quantités énormes de nourriture, plusieurs fois par semaine, parfois même plusieurs fois par jour. Pour pouvoir manger, elle est capable d’inventer mille prétextes, d’annuler des rendez-vous et de s’enfermer dans des mensonges. La crise est souvent suivie de purge par des vomissements ou d’autres comportements compensatoires, - jeûne, prise de laxatifs, activités physiques – pour éviter la prise de poids. De fait, les personnes qui souffrent de boulimie présentent la plupart du temps un poids normal. Leur souffrance est très grande: elles ont honte de ne pas pouvoir se maîtriser, leur estime de soi est au plus bas et elles n’osent pas en parler, s’enfermant ainsi dans un cercle vicieux qui peut les entraîner dans la dépression.
Comment savoir si mon enfant fait des crises de boulimie? Quels signes peuvent me mettre la puce à l’oreille?
Repli sur soi, dénigrement, repas difficiles, agressivité, crises de larme, sautes d’humeur voire dépression. Physiquement, il est possible qu’elle passe par des prises et des pertes de poids successives. Ses mains peuvent porter des traces rouges de ses dents dues aux vomissement.
Que faire?
Encore une fois, toutes les remarques liées à son alimentation peuvent susciter les pires susceptibilités et une réponse agressive, un repli sur soi. N’oubliez pas que la personne qui souffre de boulimie a une piètre estime d’elle-même. Elle se sent facilement agressée et aura tendance à nier tout problème. Essayez de savoir comment elle va, comment elle se sent – pas ce qu’elle a mangé…Marques d’affections, patience, sont précieuses pour elle.
Se sortir de la boulimie n’est pas une simple question de volonté mais demande des soins adaptés. Faites-lui comprendre que ce qu’elle vit est une maladie, qu’il ne s’agit pas de la juger sur son comportement mais bien de trouver de l’aide pour qu’elle s’en sorte. Encouragez-la à consulter un médecin.
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