HARMOREXIE

Famille,proches de personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire

 

 

 femme anorexique avec son repas

 

 

  

Comment venir en aide à une amie ou à un être cher atteint par les TCA.

 

 


Les troubles alimentaires n’affectent pas seulement les personnes qui en souffrent. Ils touchent aussi grandement les parents et les proches qui les entourent. La famille et les amis d’une personne qui s’adonne à des pratiques d’autodestruction reliées au trouble alimentaire vivent souvent de l’incompréhension, de l’impuissance et de la frustration. Il peut s’avérer difficile de savoir quoi dire et comment agir au quotidien face à une personne atteinte. Afin de vous aider à travers ce processus, nous vous suggérons quelques pistes de réflexion et outils intéressants : 
 

 

    1. Renseignez-vous le plus possible sur les troubles alimentaires en consultant des ouvrages sur le sujet, des sites internet ou des professionnels. Ne vous laissez toutefois pas envahir par le problème de l’autre. Ce n’est pas à vous de lui « montrer la lumière ». Vous pouvez tout de même être d’un grand soutien en vous montrant à l’écoute et en essayant de comprendre ce que la personne vit, sans la juger. Les troubles de l’alimentation sont souvent un appel à l’aide et, au fond d’elle-même, la personne aimée est sensible à votre inquiétude et reconnaissante de votre ouverture.

     

     

    2. Sachez bien que les troubles de l’alimentation n’ont rien à voir avec la nourriture. L’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie sont des troubles complexes dont les causes biologiques, psychologiques et sociales varient d’un individu à l’autre. Il faut donc éviter d’inciter la personne à manger, d’offrir des récompenses si elle se nourrit ou de penser que la situation s’améliore parce que la personne a pris un kilo : tout ça n’a rien à voir avec le cœur du problème. Les commentaires à l’égard de la nourriture et du poids sont non seulement inutiles, mais ils peuvent aggraver le problème en encourageant la personne dans ses obsessions.

     

     

    3. Nul ne peut sortir gagnant d’une lutte de pouvoir à propos de la nourriture. En contrôlant rigoureusement son alimentation, la personne pense ainsi pouvoir gérer les émotions qui lui échappent dans d’autres sphères de sa vie. Toutes les tentatives visant à réglementer les repas ou les prises de nourriture risquent fort de renforcer son comportement.

     

     

    4. Éviter les conversations qui appellent des commentaires sur l’apparence. À des questions du genre : « Trouves-tu que j’ai l’air grosse? », il convient de répondre « Je n’ai pas remarqué, je t’aime comme tu es. » ou « Je vois bien que ces questions sont importantes pour toi. Aimerais-tu qu’on en discute? » Quelle que soit votre réponse, il s’agit de ne pas justifier des commentaires qui ne font que perpétuer l’obsession face à l’image corporelle.

     

     

    5. Quand vous voulez manifester vos préoccupations, vos propos devraient exprimer vos sentiments à propos de vos observations et non des jugements ou des opinions personnelles. Assurez vous de parler au « Je », n’entamez pas de discussion lors des repas et choisissez un moment où tout le monde est calme. Ainsi, vous pouvez  dire  « Je  m’inquiète lorsque je te vois t’isoler des autres » au lieu de « Je pense que tu as un trouble alimentaire et que tu dois aller chercher  de l’aide ». Il importe de ne pas renforcer le sentiment d’impuissance de la personne, mais plutôt sa capacité à faire des choix pour elle-même. Plus que tout, elle a droit à son intimité. 

     

     

    6. Toutefois, si vous avez des raisons de croire que sa santé est sérieusement menacée, allez chercher de l’aide. Il s’agit d’une maladie grave que vous n’avez pas à affronter seul. Il est souvent nécessaire de consulter des spécialistes car un certain nombre de personnes atteintes nient le fait qu’elles ont un problème ou refusent de chercher de l’aide. Même si l’être cher vous accuse d’avoir trahi son secret, les règles de la confidentialité n’existent plus lorsqu’il y a un danger physique pour la personne.

     

     

    7. Recueillez de l’information sur les ressources disponibles dans votre région et sur les services offerts comme les groupes de soutien, les thérapies individuelles (psychologue, nutritionniste, sexologue, etc.) ou les soins médicaux. En téléphonant à l’ANEB Québec, vous pouvez avoir facilement accès à cette information et transmettre la documentation à la personne souffrant du trouble alimentaire. Sachez toutefois qu’elle seule peut décider si elle veut de l’aide, à quel moment et sous quelle forme. N’hésitez pas non plus à aller chercher de l’aide pour vous-même. Le trouble alimentaire touche tous les membres de l’entourage et c’est important que vous soyez soutenus durant cette période difficile.

     

     

    8. Voir un être cher aux prises avec un trouble alimentaire peut susciter en vous colère, impuissance, culpabilité et frustration. Il importe pour vous d’évacuer ces réactions normales en vous rappelant qu’il est inutile de blâmer la personne pour ce qui arrive. À maints égards, elle est aussi déroutée que vous, en plus d’être effrayée par les émotions pénibles et le drame intérieur qu’elle vit. Son désordre alimentaire lui apporte quelque chose et pour l’instant, il est difficile de le laisser aller. Par ailleurs, la culpabilité est inutile pour toutes les raisons énumérées à l’article 2. Même si vous avez involontairement contribué à provoquer cette situation, il y a plusieurs facettes dans lesquelles vous n’avez rien à voir.

     

     

    9. Ne jouez pas au thérapeute : ce serait un échec. La complexité de l’anorexie, de la boulimie ou de l’hyperphagie fait souvent en sorte que des parents ou des amis bien intentionnés renforcent les aspects négatifs et passent à côté des aspects positifs. Une personne qui « surfonctionne » ne fait qu’amener l’autre à « sous-fonctionner ». Rappelons-le, la personne souffrant d’un trouble alimentaire doit chercher de l’aide, selon ce qui lui convient. Si quelqu’un d’autre le fait à sa place et ne l’encourage pas à prendre ses responsabilités, sa motivation à changer les choses risque de diminuer sensiblement.

     

     

    10. Plus important encore, interrogez-vous sur votre propre attitude face aux questions de poids et d’image corporelle. Puisque nous faisons partie de cette société qui favorise le développement des troubles alimentaires, il faut nous demander quelle est notre part dans cette obsession de la minceur, perpétuée à l’échelle de la planète. Suivez-vous un régime? Faites-vous de l’exercice pour perdre du poids ou pour votre santé? Lorsque vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, est-ce sa silhouette qui vous frappe? Si vous prenez un ou deux kilos, votre estime personnelle en est-elle affectée? Il serait bon de mettre au jour vos propres craintes face à la dictature de la minceur.
     

 

 

 

 

Très souvent, il est dit que l’anorexie est due à un système familial défaillant. Qu’en est il?

 

 

L’anorexie et la boulimie sont liées à des problématiques humaines. Seul l’être humain a

conscience de lui-même (programmation génétique).

 

L’anorexie est un cri pour montrer, mais ce n’est pas un choix ; c’est la peur du désir, d’être

débordé, de perdre le contrôle, de ne pas être à la hauteur. Un profond sentiment de solitude

est ressenti car ce que l’on voudrait n’est pas obtenu. Son territoire, que l’on doit défendre

comme tout être vivant, est subi, d’où une insécurité permanente. L’anorexie est liée à un

défaut de sécurité interne liée au vécu ( influence de l’environnement) et à la personnalité

(génétique).

 

 

L’homme est construit en réflexivité . D’où des questions permanentes : qu’est-ce que je

vaux ? comment je suis ressenti ?…Chez l’anorexique, un raisonnement paradoxal s’installe.

 

 

Je dois être différent(e) des autres car j’existe dans mon opposition. Mais je ne peux pas

satisfaire mon désir. L’autonomie est exprimée, alors qu’elle(il) s’enferme : c’est la

dépossession de soi-même. Menacé(e), je dois retrouver une certaine maîtrise, mais ce dont

j’ai besoin est une menace. Cela rend fou. Le jeune s’enferme dans un comportement qu’il n’a

pas choisi, car le trouble soulage de la peur. En se privant de liberté, il devient son propre

bourreau. Plus il a besoin de recevoir, moins il pourra le supporter.

 

 

Les parents ne doivent pas l’abandonner à ses peurs. Ils doivent poser des limites, mais il n’y

a pas d’interdits. Il ne faut pas avoir peur d’imposer à son enfant, car l’on ne peut pas

supporter que son enfant s’abîme. Il est indispensable que l’enfant ait confiance en ses

parents.

 

 

Le jeune doit réapprendre à avoir confiance en lui, d’où l’importance de la séparation avec la

famille. Sinon, il reste cramponné à un poids qu’il maîtrise et reste enfermé dans un

comportement ; la peur ne l’abandonne pas. Or, la peur est l’envers du désir ; il ne faut pas la

tuer, car on tue le désir. Aussi, le jeune doit être accompagné pas à pas, en soutenant sa

curiosité, en lui réapprenant à vivre ses désirs, à comprendre que la liberté est fatigante car il

faut s’inventer des limites, à être capable de gérer. La famille est indispensable pour les soins.

Elle ne disfonctionne pas, mais trop d’attachements se sont créés.

 

Il n’existe aucune fatalité à la guérison, quelque soit la durée de la maladie. L’anorexie est

une conduite adaptative, mais il ne faut pas que le jeune s’y enferme

 

 

 

 

Le T.C.A. est une révolution familiale, sa guérison est la mise en place d’un nouvel équilibre de ce système familial.
 

 

C’est un chantier colossal qui débute et chaque membre de la famille peut en être l’ouvrier. Sans cette participation active, la guérison reste heureusement possible mais l’individu, seul dans son entreprise thérapeutique, connaîtra certains écueils qui pourraient lui être évités.
 

Pour devenir actifs, les parents doivent être soutenus, informés, déculpabilisés. Leur énergie sera plus que jamais sollicitée et il serait dommageable pour tous que celle-ci soit investie dans un passé sur lequel personne ne peut plus agir.
 

 

 

 

Les parents doivent être déculpabilisés. Une thérapie familiale est très souvent recommandée,

 

sachant que la pratique du sur mesure, au cas par cas, est indispensable. Le lien entre le père

et la fille est très important, en particulier dans l’enlisement.

Les associations ont un rôle important à jouer auprès des parents car leur parole est mieux

perçue que celle des médecins.

 

Toute prise en charge doit être précédée d’une investigation dans la famille par une tierce

personne : recherche des antécédents familiaux afin de déterminer la dimension génétique de

la maladie : production de neurotransmetteurs perturbée, conduisant à des soins

médicamenteux.

 

 

 

 

Le travail avec les parents

 

 

  • Ma fille ne cesse de se plaindre de son physique: elle se trouve trop grosse et parle régulièrement de se mettre au régime. Comment réagir ?
    • Essayez de comprendre avec elle pourquoi c’est important pour elle ;
    • la perte de ces kilos est-elle une condition nécessaire à son intégration parmi ses amis?
    • A-t-elle des remarques à l’école?
    • Apprenez-lui à faire la part des choses: à l’adolescence, le corps se transforme: la prise de poids est non seulement normale mais qui plus est, nécessaire pour son bon développement.
    • Aidez-la à porter un regard critique sur l’image du corps véhiculée par les médias. De votre côté, méfiez-vous des petites plaisanteries et remarques sur son physique: si elles peuvent vous paraître anodines, leur effet peut être dévastateur chez une jeune fille déstabilisée et particulièrement sensible.
    • Enfin, n’oubliez pas que les enfants ont tendance à reproduire les schémas qu’ils ont toujours connus. Interrogez-vous sur votre propre comportement: face à un parent toujours au régime et insatisfait de son image, un enfant a bien des chances de développer la même attitude.
       

 

 

  • Depuis quelques temps, ma fille refuse certains aliments, trouve mille excuses pour ne pas manger à table avec nous en prétextant avoir déjà déjeuné, pas faim ou mal au ventre. Par ailleurs, elle semble avoir perdu du poids.
  • Pas facile de ne pas perdre patience face à une attitude qui peut être vécue comme une provocation. Mais en vous concentrant sur ce que votre enfant mange ou pas, vous risquez de passer à côté du véritable problème. Dites-vous bien que la nourriture n’est que le sommet de l’iceberg. Prenez le temps de parler avec votre enfant en organisant par exemple une sortie spéciale, retrouvez-vous dans un cadre de confiance et montrez-vous disponible. Rassurez-la, dites-lui ce que vous aimez chez elle (pas seulement physiquement!), rappelez-lui ce qu’elle sait bien faire. Et surtout, n’oubliez pas de lui répéter….que vous l’aimez telle qu’elle est! Parfois, le fait de prendre un peu de temps ou de montrer plus d’attention et d’amour peut avoir des effets surprenants…

 

 


Impossible de dialoguer.

 

 

Si la communication ne passe pas, ne vous accablez pas: n’oubliez pas que l’adolescence est une période crise entre parents/ enfants…Il peut être utile d’aller voir ensemble votre médecin de famille auquel vous pourrez faire part de vos craintes. Le médecin voudra peut-être voir ensuite votre enfant seul. Ne vous sentez pas rejeté; c’est une bonne chose si votre enfant peut parler à son médecin.

 

 

 

Aucun doute, mon enfant souffre d’anorexie. Depuis quelques temps, elle mange peu et elle a perdu beaucoup de poids.

 

Ne laissez pas traîner les choses: votre enfant a besoin de soins adaptés. Le mieux est de s’adresser à un spécialiste (voir ci-dessous). Il est probable que votre enfant essaie de vous rassurer en prétendant manger à l’extérieur, ou en promettant de se remettre à manger. Les personnes qui souffrent d’anorexie ont l’impression de maîtriser la situation alors qu’en réalité, elles sont complètement dépendantes de la maladie qui les amène à avoir des attitudes agressives et à mentir. Même s’il refuse de voir un médecin, insistez. N’oubliez pas qu’il met sa vie en danger. L’anorexie est une maladie qui peut entraîner des séquelles graves voire la mort (10% des malades). On sait par ailleurs que plus la maladie est traitée rapidement, plus elle a des chances d’être guérie.

 

 

 

La boulimie une maladie qui ne se voit pas

 

La boulimie n’est pas à prendre à la légère: elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle ne se voit pas. Alors que la jeune fille anorexique choque par sa maigreur, la boulimique semble souvent en pleine forme. La réalité est toute autre: derrière les apparences, elle vit un véritable enferdans lequel la nourriture est devenue sa drogue. Elle est régulièrement prise d’un besoin irrépressible de manger et avale en cachette des quantités énormes de nourriture, plusieurs fois par semaine, parfois même plusieurs fois par jour. Pour pouvoir manger, elle est capable d’inventer mille prétextes, d’annuler des rendez-vous et de s’enfermer dans des mensonges. La crise est souvent suivie de purge par des vomissements ou d’autres comportements compensatoires, - jeûne, prise de laxatifs, activités physiques – pour éviter la prise de poids. De fait, les personnes qui souffrent de boulimie présentent la plupart du temps un poids normal. Leur souffrance est très grande: elles ont honte de ne pas pouvoir se maîtriser, leur estime de soi est au plus bas et elles n’osent pas en parler, s’enfermant ainsi dans un cercle vicieux qui peut les entraîner dans la dépression.
 

 

 

 

Comment savoir si mon enfant fait des crises de boulimie? Quels signes peuvent me mettre la puce à l’oreille?

 

Repli sur soi, dénigrement, repas difficiles, agressivité, crises de larme, sautes d’humeur voire dépression. Physiquement, il est possible qu’elle passe par des prises et des pertes de poids successives. Ses mains peuvent porter des traces rouges de ses dents dues aux vomissement.

 

 

 

Que faire?
 

 

Encore une fois, toutes les remarques liées à son alimentation peuvent susciter les pires susceptibilités et une réponse agressive, un repli sur soi. N’oubliez pas que la personne qui souffre de boulimie a une piètre estime d’elle-même. Elle se sent facilement agressée et aura tendance à nier tout problème. Essayez de savoir comment elle va, comment elle se sent – pas ce qu’elle a mangé…Marques d’affections, patience, sont précieuses pour elle.

 

 

 

Se sortir de la boulimie n’est pas une simple question de volonté mais demande des soins adaptés. Faites-lui comprendre que ce qu’elle vit est une maladie, qu’il ne s’agit pas de la juger sur son comportement mais bien de trouver de l’aide pour qu’elle s’en sorte. Encouragez-la à consulter un médecin.

 

 

 

 

 

 

 


 

Le comportement de votre enfant, de votre adolescent vous étonne?
Il sort des réflexions dénuées de tout fondement sur son apparence, sur ses propres capacités, sur la nourriture.
Vous avez entendu parler de la boulimie et de l'anorexie, mais vous vous posez toujours des questions.

Un article fait en collaboration avec l'association ABA, Association Boulimie Anorexie, active pour toute la Suisse Romande

Qu'est ce que l'anorexie - Boulimie?
Ces maladies entraînent leurs victimes dans une spirale infernale où la nourriture devient le centre de leurs pensées. Manger ou ne pas manger, surveiller avec angoisse la direction que prend l’aiguille de la balance, une table des calories dans le cerveau, les victimes de troubles alimentaires s’enferment peu à peu dans un monde obsessionnel où elles perdent pied, entraînant avec elles leur entourage qui ne sait comment se comporter face à cette attitude inexplicable et suicidaire.

Toujours plus fréquents, les troubles alimentaires touchent principalement des jeunes filles de plus en plus jeunes. Bien que plus rarement concernés, les garçons ne sont de loin pas épargnés.

La pré-adolescence est une période charnière dans le développement de l’anorexie et de la boulimie. Vers 12-14 ans, les jeunes filles font parfois preuve d’une étonnante capacité à l’autocritique: décontenancées face à un corps en pleine transformation, confrontées à l’image des mannequins présentée dans les médias, elles entretiennent souvent une alimentation complètement déséquilibrée, un jour au régime et carburant le lendemain aux chips et au chocolat. Crise de mal-être passagère ou malaise plus profond qui mérite la plus grande attention? La plupart des anorexies ou des boulimies commence par un régime. Cela ne signifie pas que toutes les jeunes filles qui débutent un régime vont nécessairement développer l’une ou l’autre de ces maladies. Mais derrière ces propos à priori banals de la part d’une jeune adolescente en pleine recherche d’identité, il y a peut-être un signal d’alarme à prendre au sérieux, en particulier s’ils se répètent ou s’accompagnent d’un changement d’attitude. Manque de confiance en soi, remarques négatives sur son propre physique, repli sur soi, communication difficile sont autant de signes à ne pas minimiser.

Comment détecter ces maladies?

  • Ma fille ne cesse de se plaindre de son physique: elle se trouve trop grosse et parle régulièrement de se mettre au régime. Comment réagir ?
    • Essayez de comprendre avec elle pourquoi c’est important pour elle ;
    • la perte de ces kilos est-elle une condition nécessaire à son intégration parmi ses amis?
    • A-t-elle des remarques à l’école?
    • Apprenez-lui à faire la part des choses: à l’adolescence, le corps se transforme: la prise de poids est non seulement normale mais qui plus est, nécessaire pour son bon développement.
    • Aidez-la à porter un regard critique sur l’image du corps véhiculée par les médias. De votre côté, méfiez-vous des petites plaisanteries et remarques sur son physique: si elles peuvent vous paraître anodines, leur effet peut être dévastateur chez une jeune fille déstabilisée et particulièrement sensible.
    • Enfin, n’oubliez pas que les enfants ont tendance à reproduire les schémas qu’ils ont toujours connus. Interrogez-vous sur votre propre comportement: face à un parent toujours au régime et insatisfait de son image, un enfant a bien des chances de développer la même attitude.
       
  • Depuis quelques temps, ma fille refuse certains aliments, trouve mille excuses pour ne pas manger à table avec nous en prétextant avoir déjà déjeuné, pas faim ou mal au ventre. Par ailleurs, elle semble avoir perdu du poids.
    Pas facile de ne pas perdre patience face à une attitude qui peut être vécue comme une provocation. Mais en vous concentrant sur ce que votre enfant mange ou pas, vous risquez de passer à côté du véritable problème. Dites-vous bien que la nourriture n’est que le sommet de l’iceberg. Prenez le temps de parler avec votre enfant en organisant par exemple une sortie spéciale, retrouvez-vous dans un cadre de confiance et montrez-vous disponible. Rassurez-la, dites-lui ce que vous aimez chez elle (pas seulement physiquement!), rappelez-lui ce qu’elle sait bien faire. Et surtout, n’oubliez pas de lui répéter….que vous l’aimez telle qu’elle est! Parfois, le fait de prendre un peu de temps ou de montrer plus d’attention et d’amour peut avoir des effets surprenants…


Impossible de dialoguer.

Si la communication ne passe pas, ne vous accablez pas: n’oubliez pas que l’adolescence est une période crise entre parents/ enfants…Il peut être utile d’aller voir ensemble votre médecin de famille auquel vous pourrez faire part de vos craintes. Le médecin voudra peut-être voir ensuite votre enfant seul. Ne vous sentez pas rejeté; c’est une bonne chose si votre enfant peut parler à son médecin.

Aucun doute, mon enfant souffre d’anorexie. Depuis quelques temps, elle mange peu et elle a perdu beaucoup de poids.
Ne laissez pas traîner les choses: votre enfant a besoin de soins adaptés. Le mieux est de s’adresser à un spécialiste (voir ci-dessous). Il est probable que votre enfant essaie de vous rassurer en prétendant manger à l’extérieur, ou en promettant de se remettre à manger. Les personnes qui souffrent d’anorexie ont l’impression de maîtriser la situation alors qu’en réalité, elles sont complètement dépendantes de la maladie qui les amène à avoir des attitudes agressives et à mentir. Même s’il refuse de voir un médecin, insistez. N’oubliez pas qu’il met sa vie en danger. L’anorexie est une maladie qui peut entraîner des séquelles graves voire la mort (10% des malades). On sait par ailleurs que plus la maladie est traitée rapidement, plus elle a des chances d’être guérie.

La boulimie une maladie qui ne se voit pas
La boulimie n’est pas à prendre à la légère: elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle ne se voit pas. Alors que la jeune fille anorexique choque par sa maigreur, la boulimique semble souvent en pleine forme. La réalité est toute autre: derrière les apparences, elle vit un véritable enferdans lequel la nourriture est devenue sa drogue. Elle est régulièrement prise d’un besoin irrépressible de manger et avale en cachette des quantités énormes de nourriture, plusieurs fois par semaine, parfois même plusieurs fois par jour. Pour pouvoir manger, elle est capable d’inventer mille prétextes, d’annuler des rendez-vous et de s’enfermer dans des mensonges. La crise est souvent suivie de purge par des vomissements ou d’autres comportements compensatoires, - jeûne, prise de laxatifs, activités physiques – pour éviter la prise de poids. De fait, les personnes qui souffrent de boulimie présentent la plupart du temps un poids normal. Leur souffrance est très grande: elles ont honte de ne pas pouvoir se maîtriser, leur estime de soi est au plus bas et elles n’osent pas en parler, s’enfermant ainsi dans un cercle vicieux qui peut les entraîner dans la dépression.
 

Comment savoir si mon enfant fait des crises de boulimie? Quels signes peuvent me mettre la puce à l’oreille?
Repli sur soi, dénigrement, repas difficiles, agressivité, crises de larme, sautes d’humeur voire dépression. Physiquement, il est possible qu’elle passe par des prises et des pertes de poids successives. Ses mains peuvent porter des traces rouges de ses dents dues aux vomissement.

Que faire?
Encore une fois, toutes les remarques liées à son alimentation peuvent susciter les pires susceptibilités et une réponse agressive, un repli sur soi. N’oubliez pas que la personne qui souffre de boulimie a une piètre estime d’elle-même. Elle se sent facilement agressée et aura tendance à nier tout problème. Essayez de savoir comment elle va, comment elle se sent – pas ce qu’elle a mangé…Marques d’affections, patience, sont précieuses pour elle.

Se sortir de la boulimie n’est pas une simple question de volonté mais demande des soins adaptés. Faites-lui comprendre que ce qu’elle vit est une maladie, qu’il ne s’agit pas de la juger sur son comportement mais bien de trouver de l’aide pour qu’elle s’en sorte. Encouragez-la à consulter un médecin.

Quelles sont les conséquences sur sa santé?
Tout comme l’anorexie, la boulimie est une maladie qui peut avoir des conséquences graves; dents attaquées par les acides des vomissements répétés, oesophage irrité…Par ailleurs, elle est souvent liée à la dépression. On estime que 20% des jeunes filles qui souffrent de boulimie font une tentative de suicide.

Quels sont les traitements existants ?
Comme pour de nombreuses maladies psychiques, il n’existe pas une formule clé pour le traitement des troubles alimentaires. Chaque cas est particulier et ce qui convient pour certains ne conviendra peut-être pas à d’autres. Une chose est sûre: le traitement demande du temps et un important investissement de la malade et parfois des proches. En fonction de la problématique et de la personne, plusieurs approches existantes sont possibles: psychanalytique, rogérienne, systémique, cognitivo-comportementales, à médiation corporelle et artistique, etc…Une approche corporelle peut être aidante, les malades étant complètement déconnectées de leurs corps et devenues incapables de ressentir leurs besoins et leurs émotions. Ce qui est important, c’est de trouver la personne de confiance avec qui le courant passe, quitte à en voir plusieurs avant de trouver la bonne. Agir rapidement permet en outre de ne pas entrer dans le cercle vicieux de l’habitude et donne d’avantage de chances de s’en sortir.

Vous pouvez vous adresser à votre médecin ou auprès de l’association ABA qui dispose d’adresses de thérapeutes spécialisés dans votre région.

En tant que parents comment faire face ?
Les parents – et les proches- de personnes souffrant d’anorexie ou de boulimie sont entraînés dans une situation particulièrement pénible. Ils doivent faire preuve de beaucoup de patience et de compréhension. La malade peut parfois leur donner l’impression de les mener en bateau: il est important de faire la part des choses entre la maladie et la personne elle-même. Dans certains cas, l’hospitalisation peut s’avérer nécessaire. La coupure peut être positive à la fois pour l’enfant et pour la famille, en permettant de prendre du recul et des forces. Pour éviter de vous épuiser, pour pouvoir parvenir à prendre de la distance et vous ressourcer, ne vous oubliez pas! Ménagez-vous des plages de temps pour faire ce que vous aimez, prenez des cours…Vous pouvez aussi avoir envie ou besoin de faire le point sur vous-mêmeavec un thérapeute